Dans Le Bel Avenir de la Croissance (2018), Antonin Bergeaud, Gilbert Cette et Rémy Lecat étudient de manière très complète les rouages de la croissance économique. Nous vous avons préparé un résumé en 5 points pour retenir l’essentiel de la pensée des auteurs et briller en ESH.
La croissance pour quoi faire ?
La croissance a un impact sur la prospérité de tous. En effet, quelque soit notre situation, elle affectera à plus ou moins long terme nos revenus, notre patrimoine et notre pouvoir d’achat. A moyen terme, il est donc difficile d’échapper à ses conséquence.
La croissance a un impact sur le bonheur :
- A court terme : cela passe par les fluctuation du chômage.
- A long terme : une croissance négative nous priverait de biens que nous jugeons acquis et pèserait sur notre bonheur. Une baisse de la croissance réduirait nos perspectives de progrès professionnel ou d’amélioration de notre bien-être. De plus, une croissance relative plus faible que dans d’autres pays serait source de frustration face à l’impossibilité d’accès aux nouvelles technologies.
La croissance est à la fois une menace et une condition nécessaire à la pérennité de notre modèle de développement. Elle est une menace car elle est encore trop fondée sur les énergies fossiles (même si nous assistons à des progrès technologiques importants). Mais, elle reste une condition nécessaire car notre modèle social est fondé sur une croissance de long terme significative. Elle permet d’absorber les conséquences du vieillissement de la population et de la hausse de la dette publique.
Au-delà de notre modèle social, ce sont la stabilité sociale et le modèle démocratique de nos sociétés qui seraient menacés par une insuffisance de la croissance.
Une croissance sans limite ?
• Limite environnementale
La croissance actuelle n’est pas soutenable. Cependant croissance et environnement ne sont pas incompatibles. D’une part la croissance économique pourrait devenir beaucoup plus économe en énergies fossiles et moins polluante. D’autre part le développement de ces technologies moins polluantes est source de croissance. Il n’existe pas d’incompatibilité radicale mais il est nécéssaire d’avoir des politiques adaptées dans tous les secteurs et une prise de conscience.
• Limite sociale
Une croissance qui n’est pas « inclusive » aurait pour conséquence une montée des extrêmes et pourrait conduire à des crises financières. En effet selon les auteurs, les partis populistes sont porteurs de régression économique et sociale. Ils se nourrisse du sentiment d’injustice lié à une répartition inégalitaire des fruits de la croissance. De plus, c’est un risque d’assister à un boom insoutenable de l’endettement avec le maintien d’une consommation relative à crédit. Cela peut conduire à des crises financières majeures et à un effondrement de la croissance.
Cependant il n’y pas de fatalité à ce que la croissance soit inégalitaire. En effet les inégalités peuvent être contrecarrées par différents types de politiques économiques (politiques de formation, politiques de redistribution).
Objection : pour Aghion et Howitt une politique fiscale réduisant les rentes d’innovations serait préjudiciables à la croissance (moindre incitation).
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Le PIB, un indicateur dépassé?
Le développement du Produit Intérieur Brut dans les années 1930 a répondu au besoin de mesurer et de comprendre l’état de l’économie. Néanmoins, il est aujourd’hui important de développer de nouveaux outils permettant de comprendre l’état du niveau de vie ou du bien-être des citoyens. En effet, le PIB fait face à de nombreuses limites. Par exemple, il n’informe pas sur la distribution des revenus, et il ne permet pas de faire la distinction entre la nature des activités qui génèrent de la richesse (à externalités positives ou négatives).
Cependant cela ne fait pas du PIB un indicateur inutile. Il doit être considéré pour ce qu’il est: une photographie de l’activité économique à un instant donné. Il est un assez bon indicateur du niveau de vie et du bien-être de la population sans pour autant être précis et suffisant. Par conséquent, il s’agit surtout d’une mesure très utile de l’activité économique, qui permet en particulier de remonter dans le temps, de retracer le développement économique d’un pays, et de réaliser des comparaisons internationales.
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D’où vient la croissance ?
Paradoxalement il nous est difficile de déterminer précisément d’où vient la croissance, alors même que ses moteurs comptables sont bien connus. En effet, une grande part de la croissance est attribuée à la productivité globale des facteurs, qui constitue « la mesure de notre ignorance». Cela représente le résidu inexpliqué de la croissance, une fois la contribution du travail et du capital prise en compte.
Cependant, on a identifié un grand nombre de facteurs nécessaires à la croissance. Certains relèvent directement de la politique économique, d’autres de la politique éducative ou de santé, ou encore du régime politique et juridique. S’il est difficile d’identifier précisément le rôle de chacun, tant ils sont entremêlés, la recette de la croissance est globalement connue. Encore faut-il l’adapter à la nature des technologies du moment et au stade de développement du pays, voire aux institutions.
Stagnation séculaire ou nouvelle vague de croissance ?
Il est possible d’établir des scénarios de la croissance à attendre au XXIe siècle.
- Dans le scénario pessimiste, il sera difficile pour les pays avancés de faire face aux grands défis de la dette, du vieillissement et de la transition énergétique. La stabilité sociale et politique pourrait être également menacée.
- Dans le scénario optimiste cependant ces défis pourraient être aisément relevés. Les enjeux sont ainsi considérables mais il n’y a pas de consensus pour trancher.
Si l’incertitude n’est pas totalement levée, les symptômes d’une nouvelle et vaste vague de gains de performances à venir commencent à se manifester. Ils sont induits par l’émergence et le développement de l’économie du numérique. Elle pourrait être de dimension équivalente voire supérieure à la précédente.
Pour autant le plein bénéfice des effets favorables sur la croissance de la révolution numérique dépendra de l’adaptation de nos institutions. Elles devront être capables de « reverser » de nombreux emplois d’une activité à une autre. Il faudra opter pour la formation et l’adaptation des compétences et qualifications. Ceci incarne donc un des principaux défis de la révolution numérique.
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