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Mondialisation économique : opportunités et risques

Sommaire

Cynthia Ghorra-Gobin définit la mondialisation dans Dictionnaire critique de la mondialisation comme « les métamorphoses d’un capitalisme émancipé du cadre national et désormais globalisé et financiarisé grâce aux technologies d’information et de communication ». Il sous-entend ainsi une déréglementation financière facilitant les logiques transnationales. La plupart des économistes et spécialistes de la mondialisation tels que Laurent Carroué et Olivier Dolfus s’accordent à dire que la mondialisation économique commence dès les années 1980. Le décloisonnement, la déréglementation et le libéralisme sont les causes de ce changement profond. Cependant, nous faisons face aujourd’hui à un revirement de la tendance néolibérale créant certaines craintes de démondialisation. La balance opportunités/risques chargée d’espoirs à la fin des années 80 s’est-elle renversée aujourd’hui ?

 

Les nouvelles opportunités de la mondialisation issues de la crise de 1973

A partir des années 1980, l’essor de la mondialisation contemporaine offre de nouvelles opportunités à un capitalisme occidental en quête d’un nouveau souffle, de nouveaux profits. Les grandes entreprises occidentales sont en effet confrontées à la crise du système fordiste, à la croissance des coûts, à la saturation des marchés. Ces opportunités s’illustrent dans le rétablissement de leurs profits en employant une main d’œuvre bon marché, en profitant des avantages comparatifs des territoires, en accédant à de nouveaux marchés de consommation. Les acteurs de la finance internationale, particuliers ou professionnels, sont aussi vernis. La création d’un véritable « archipel métropolitain mondial » (O. Dolfus) avec la connexion entre places boursières mondiales transforme les salles de marchés en salles de trading.

Cependant, la mondialisation a été un jeu gagnant pour tous car elle a ouvert de nouvelles opportunités de rattrapage économique aux pays en développement. Après l’échec des stratégies de développement autocentrées menées au moment des indépendances (accès aux IDE, au savoir-faire et aux technologies occidentales et aux marchés des pays développés) de nouvelles spécialisations industrielles ou dans les services sont nées dans les pays en développement. L’insertion dans la mondialisation est à l’origine de création massives d’emplois qui ont sorti des centaines de millions de personnes de la pauvreté. Elle a également permis le développement de nouveaux territoires jusque-là délaissés (frontières, littoral chinois) ou disposant de peu de ressources (îles devenant des paradis fiscaux).

 

Un tournant au XXIème siècle : des risques déstabilisateurs de la mondialisation

La mondialisation économique contemporaine met en concurrence généralisée des territoires, des compétences, par la recherche et la maximalisation constante des profits. Elle a fini par mettre en danger la stabilité économique et sociale des pays. La multiplication des crises financières qui conduit en 2008 à la plus grande crise du capitalisme depuis 1929 en est un bon exemple. Les stratégies des FTN occidentales au détriment de l’emploi local est un facteur de creusement des inégalités, de fragilisation des classes populaires et des classes moyennes. Cela entraine un risque de défiance, de refus de la mondialisation (multiplication des contestations sociales en 2018-2019 à une échelle mondiale)

Mais la mondialisation est devenue un risque majeur pour les États, dont la souveraineté est de plus en plus malmenée par la prédominance d’une logique de marché. La montée en puissance d’acteurs économiques privés provoque des risques liés à un recours aux marchés financiers destiné à financer la dette souveraine. Le risque de perte de revenus budgétaires remet en question la légitimité de l’impôt face à l’optimisation fiscale pratiquée par les FTN. Les risques s’accumulent : voir son autorité contestée par des grandes entreprises en position de monopole, ne plus contrôler des secteurs stratégiques (alimentation, santé) en cas de crise. La mondialisation est un facteur particulièrement risqué pour des Etats en développement : risque d’être enfermé dans une trappe de sous-développement, de déstabilisation (guerres civiles, emprise de réseaux criminels à qui la mondialisation a offert de nouvelles opportunités).

 

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Depuis les années 2010, l’accumulation de risques a contribué à un net ralentissement des dynamiques de la mondialisation

La crise de 2008 a marqué une rupture dans l’histoire de la mondialisation contemporaine : démondialisation à l’œuvre dans le domaine financier ainsi qu’un net ralentissement du commerce international. Les migrations internationales sont entravées. Les menaces s’accumulent contre la mondialisation : la montée du protectionnisme, guerres commerciales, risques surtout pesant sur le multilatéralisme du fait de l’action des États-Unis mais aussi des grands pays émergents.

Face à ces risques, de nouveaux aménagements ont été apportés : un retour d’une régulation portée par les États à l’échelle nationale, régionale, internationale. L’adoption de nouvelles stratégies par les FTN pour sécuriser leurs Chaîne de Valeur Mondiales (CVM) se multiplie. La mobilisation croissante de la société civile en faveur d’une autre mondialisation plus durable, plus soucieuse de l’environnement s’intensifie également.

Cependant les ressorts de la mondialisation sont loin d’être remis en question : poids de la Chine durable dans les CVM. Il existe par ailleurs des réserves de pays à intégrer dans la DIPP (Division Internationale du Processus de Production) comme l’Inde ou l’Afrique subsaharienne. La dynamique du libre-échange n’est du reste pas abandonnée. Les risques traversés aujourd’hui peuvent être des facteurs d’opportunités : en mandarin, le mot crise est composé de deux idéogrammes, « wei » danger et « ji » opportunité, chance.

 

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Augustin Hirtzberger
Etudiant en première année à Audencia après deux années de classe préparatoire au lycée Hoche.