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Classique sociologique : La spirale du déclassement, L. Chauvel (2/2)

Sommaire
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Faisant suite à la partie 1 Mister Prépa-déclassement (misterprepa.net), voici un résumé par chapitres du livre de L. Chauvel expliquant pourquoi la société française est en proie à la « spirale du déclassement ». Ecrit en 2019, La spirale du déclassement de Louis Chauvel aborde : les inégalités intergénérationnelles et intragénérationnelles, l’évolution du pouvoir d’achat selon les classes sociales, la mobilité descendante et la massification des diplômes.

 

Chapitre 3 : Désillusions générationnelles

1/ Cohortes de naissance

Dans cette partie de l’ouvrage, Louis Chauvel aborde la démographie et les « cohortes de naissance ». Pour donner une définition à ce dernier terme, il caractérise un groupe de personne nées pendant une période donnée et pour qui il y a une résonance. De ce côté, l’auteur explique que chaque cohorte a ses étapes de socialisation propres.

Plus particulièrement, en France, il y a un fort maintien d’inégalités fortes et durables entre cohortes de naissances. Par exemple, les premiers nés du baby-boom et les adultes du début de ce siècle sont aux antipodes les uns des autres. Les uns ont profité des nouveaux droit salariaux, de la croissance de l’emploi des grandes entreprises et du secteur public, de niveaux de cotisation plus élevés…De plus, l’Etat-Providence a joué le rôle d’un filet protecteur. Quand aux autres, ils font face à une faible progression sociale et se reposent beaucoup sur les aides de leurs parents des cohortes précédentes et favorisées. En fait, les cohortes nées autour de 1980 sont nettement plus diplômées et auraient dû s’enrichir mais il y a une perte de valeur des diplômes donc ce n’est pas le cas. En plus de ça, à cause de leurs études longues, les couples se forment plus tard, et puisqu’ils ne s’enrichissent pas, cela pèse sur la demande. De plus, ces mêmes adultes ont tendance à se repose économiquement sur leurs parents qui les aident car ils ont beaucoup de mal à s’enrichir. 

 

Lire plus: Décryptage: Les Trente Glorieuses en France – Mister Prépa (misterprepa.net)

Pour comprendre: Qu’est-ce qu’un diagramme de Lexis ? Représenter trois dimensions sur un plan. – QUANTI / Sciences sociales (hypotheses.org)

 

2/ Inégalités générationnelles générales

Actuellement, en France, de mauvais choix politiques sont responsables d’une instabilité des diplômes. En effet, il n’y a pas et pas eu de soutien pour une bonne transition des nouvelles générations vers le monde du travail. Même avec des certifications supérieures à celles des aînés, les jeunes diplômés font face à une forte concurrence sur le marché du travail et doivent souvent se résigner à des postes en-dessous de leurs capacités. Or, ce n’était pas le cas pour les cohortes nées avant 1950. 

De plus, les jeunes font face à un déclassement résidentiel, ce qui contribue à maintenir des distances spatiales et sociales entre cohortes. En effet, à cela s’ajoute le processus de gentrification.

Enfin, la jeunesse est marginalisée du monde politique. Celle-ci s’y intéresse et y accède de moins en moins. L’élitisme croissant dans ce monde apporte la crainte qu’un jour la politique devienne le monde des populistes.

Pour finir, concernant la santé, de nos jours, il y a davantage de « stresseurs sociaux ». « Une crise de croissance du suicide se développe pour les générations nées fin des 1950 où le risque culmine. Un dénivelé de 25% sépare les cohortes nées à la fin des années1940 et celles nées à la fin des Trente Glorieuses ». 

 

Chapitre 4 : La menace du déclassement global

Dans un monde où les élites s’homogénéisent économiquement, les classes ouvrières sont toujours éclatées car toutes n’ont pas le même train de vie entre pays riches et ceux en développement. Toutefois les inégalités mondiales régressent. Sinon, quant aux classes moyennes, les classes populaires occidentales sont une référence. Par exemple, les classes moyennes chinoises tentent de s’aligner sur le style des classes moyennes occidentales. 

Pour suivre une continuité historique, en 1860, par exemple, la France fait face à des inégalités économiques importantes. Mais l’identité de classe du prolétariat n’est pas encore construite, elle vient avec le marxisme et le système social-démocrate de la fin de la Seconde guerre mondiale poussé par les communistes. Toute ceci accompagné de l’Etat-Providence a permis de réguler les inégalités. S’ensuivent les évènements de mai 1968 qui renforcent l’identité ouvrière. Vers 1970, les inégalités continuent de diminuer. La culture de classe du prolétariat était au sommet. Cependant, le tournant des années 1980 a favorisé les élites liées à la mondialisation financière. Et ce, partout dans le monde, pas qu’en France. Depuis, on assiste à une baisse de l’engagement social à l’échelle mondiale accompagné d’un enrichissement généralisé. A cela s’ajoute le chômage de masse (vers les 10%) qui est un véritable frein à l’action collective qui n’a plus assez de pouvoir. Alors, pour Louis Chauvel, comme en Amérique latine, de fortes inégalités et un mouvement politique d’ultragauche doivent s’organiser ensemble.

Pour conclure ce chapitre, l’auteur prétend qu’on va assister au retour d’inégalités fortes notamment aux extrêmes. Les classes moyennes constitueront le noyau d’exclusion et le précariat sera à l’extrémité basse, bien que largement diplômé.

 

Chapitre 5 : Le déclassement systémique et la spirale insoutenable

En France, le risque est celui d’un cumul de tous les déclassements. Cela aurait des conséquences sur l’organisation socio-économique du pays. La Lorraine notamment, dans la région Grand-est, est un fort lieu de déclassement. Cette spirale du déclassement a un autre problème: elle s’auto-alimente. A long terme, c’est un cercle vicieux. La société pourrait atteindre un seuil de développement inférieur à celui qu’elle avait à son commencement. De plus, le déni de cette spirale fait partie du processus de ce cycle vicieux…

D’où le problème de « soutenabilité intergénérationnelle ». C’est en lien avec le Rapport Meadows de 1972 du Club de Rome.

Par exemple, jusqu’en 1930, l’Argentine était au sommet des classements mondiaux. Mais, depuis 1945, la crise déclasse le pays en-dessous de la médiane mondiale. 

Lire aussi:

Louis Chauvel et le retour des classes sociales – Mister Prépa (misterprepa.net)

Les concepts essentiels chez Bourdieu – Mister Prépa (misterprepa.net)

 

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