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La théorie HOS: explication et analyse

Sommaire

La théorie HOS, développée par Heckscher, Ohlin et Samuelson, s’inscrit dans le prolongement des travaux de Ricardo, qui démontrait l’intérêt de la spécialisation dans le commerce international. Mais, contrairement à Ricardo, la théorie HOS se concentre sur pourquoi un pays choisirait de se spécialiser dans un secteur spécifique. La réponse repose sur la notion de dotation factorielle, c’est-à-dire la manière dont les pays sont dotés en travail et en capital.

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Spécialisation et Dotation Factorielle : Le Cœur du Modèle HOS

Selon la théorie HOS, chaque pays se spécialise dans la production de biens qui utilisent intensivement le facteur de production le plus abondant dans ce pays. Par exemple :

 

– Les pays du Sud, riches en main-d’œuvre, vont se spécialiser dans des productions intensives en travail, comme le textile ou l’acier.

– Les pays du Nord, qui possèdent davantage de capital, se concentreront sur des productions capitalistiques, comme les technologies de pointe et les biens à forte valeur ajoutée.

 

L’idée est simple : en utilisant au mieux ses ressources abondantes, un pays minimise ses coûts de production et maximise son efficacité. Dans cette optique, il serait coûteux pour un pays riche en capital de produire des biens demandant une main-d’œuvre abondante, car cela entraînerait une hausse des coûts de production et une perte de pouvoir d’achat. Il s’agit là d’une mauvaise allocation des ressources, un gaspillage. De plus, sur le plan environnemental, ces échanges internationaux sont parfois critiqués, car ils contribuent à environ 2,5 % des émissions mondiales de CO2.

 

Mondialisation et Nouvelle Division Internationale du Travail

Avec la mondialisation, on observe un renversement de la structure des coûts dans les pays développés. Aujourd’hui, les coûts en amont (recherche, développement) et en aval (marketing, vente) sont devenus très élevés dans les économies du Nord. Ces pays se spécialisent donc dans ces phases de production à haute valeur ajoutée, tandis que les étapes plus simples et intensives en travail sont délocalisées dans les pays en développement.

 

L’économiste Bernard Cohen appelle ce phénomène la recomposition internationale du processus productif, ou le produit-système. Il ne s’agit pas simplement de délocalisations, mais d’une nouvelle forme de répartition mondiale du processus productif. Ainsi, les biens ne sont plus produits entièrement dans un seul pays, mais chaque étape est réalisée là où elle est la plus efficace, en fonction de la dotation factorielle du pays.

 

Le phénomène de destruction d’emplois lié à cette division internationale est souvent exagéré. En réalité, il est marginal. Ce sont plutôt les effets de la désindustrialisation dans les pays riches qui expliquent la baisse de lapopulation active dans l’industrie, en ligne avec la logique HOS. Parallèlement, les entreprises du Nord se recentrent sur leur cœur de métier et externalisent de nombreux services, contribuant ainsi à la migration des emplois de l’industrie vers le secteur tertiaire.

 

Les pays en développement, quant à eux, se développent en intégrant ces chaînes de valeur mondiales. Le facteur rare, que ce soit le capital ou le travail qualifié, tend à être mieux rémunéré, ce qui rend ces économies attractives pour les investissements internationaux. Cela favorise leur remontée des filières, c’est-à-dire leur passage progressif à des productions de plus en plus complexes et capitalistiques.

 

Les Inégalités et Paradoxes du Modèle HOS

Toutefois, certains paradoxes émergent de cette théorie. Le paradoxe de Léontieff, par exemple, montre que les États-Unis, bien que dotés en capital, exportent des produits intensifs en travail qualifié. En théorie, leurs exportations devraient être davantage capitalistiques. Ce phénomène s’explique par le fait que le travail qualifié a pris une importance croissante dans la production des pays développés, renversant la tendance initiale du modèle HOS.

 

Cela nous conduit au théorème de Stolper-Samuelson, qui éclaire le lien entre mondialisation et inégalités dans les pays riches. Le travail qualifié, étant plus intégré dans les chaînes de production mondiales, devient très demandé. Cela entraîne une hausse de la rémunération des travailleurs qualifiés, creusant ainsi les inégalités avec les travailleurs non qualifiés. Ce phénomène est particulièrement visible dans les économies avancées.

 

La Mondialisation et le Rôle du Progrès Technologique

Selon Paul Krugman, la mondialisation n’est pas un jeu à somme nulle, où certains gagneraient aux dépens des autres. Au contraire, il affirme que ce que certains pays gagnent sous forme d’excédents commerciaux n’est pas nécessairement perdu par d’autres. En fait, la mondialisation est avant tout un processus technologique. L’évolution technologique modifie la structure des emplois, avec une demande croissante pour les compétences qualifiées.

 

Krugman insiste sur le fait que la mondialisation est un processus dynamique, en perpétuel mouvement. Pour éviter que certains travailleurs ne se retrouvent marginalisés par ces changements, il recommande des politiques comme le workfare ou la flexisécurité danoise. Ces modèles permettent d’allier sécurité de l’emploi et flexibilité du travail, tout en encourageant la formation continue des travailleurs, afin qu’ils puissent s’adapter à l’évolution du marché du travail.

 

Ainsi, la théorie HOS, dans son approche de la spécialisation internationale, nous offre une grille de lecture pour comprendre les mécanismes du commerce mondial et les logiques qui sous-tendent la division internationale du travail. Cependant, les évolutions récentes de la mondialisation et du progrès technologique montrent que le modèle doit s’adapter à de nouvelles réalités économiques. Les pays doivent mettre en place des politiques pour accompagner les transformations du marché du travail, tout en assurant une répartition équitable des gains de la mondialisation.

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Jean Paviet