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Comprendre la loi de Baumol ou la maladie des coûts

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En 1960, les dépenses en santé aux Etats-Unis n’étaient que de 5% du PIB. En 2011, ce même chiffre s’élève à 18%. D’ici 2105, ce chiffre pourrait atteindre 60% selon William Baumol (The Cost Disease, 2012). Comment l’expliquer ? Par la loi de Baumol, autrement connue sous le nom de « maladie des coûts ».

 

La loi de Baumol ou la maladie des coûts

En théorie, les ouvriers devraient être de mieux en mieux payés dans le temps par rapport aux autres travailleurs puisqu’ils sont de plus en plus productifs. Cependant, William Baumol observe que cela n’est pas systématiquement vrai.

En effet, le coiffeur met toujours autant de temps à faire une coupe de cheveux, sa productivité varie peu. Cependant, le prix d’une prestation augmente dans le temps à mesure que la productivité des ouvriers augmente dans un pays. Cette augmentation est plus que proportionnelle. Ce décalage peut aussi s’observer à l’échelle internationale : une coupe de cheveux coûte plus cher dans un pays développé. Pourtant, le service reste sensiblement le même !

Si l’exemple de la coupe de cheveux est parlant, on peut appliquer cette observation à l’ensemble des services. Ainsi naît la maladie des coûts !

Comment l’expliquer ? Les employeurs des secteurs où la productivité (et les salaires) ne monte pas se retrouvent face à une difficulté. Comment empêcher leurs salariés de quitter leur emploi pour rejoindre ceux où les salaires sont plus élevés ? La réponse : augmenter leur salaire, et donc le prix des prestations !

 

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Une confirmation historique de la loi de Baumol ou la maladie des coûts

En effet, de nombreuses données historiques confirment la maladie des coûts. Aux Etats-Unis, depuis les années 1980, le prix des études a augmenté de 440%. Dans le même temps, le coût des soins de santé a lui augmenté de 250%. Le salaire moyen n’a lui augmenté que de 150% sur cette période.

Un autre pays ? Au Japon, les dépenses de santé par personne ont augmenté de presque 6% par an en termes réels entre 1960 et 2006. Au Royaume-Uni, ce chiffre est de 3,5%.

 

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Des cures à la maladie des coûts ?

La hausse du coût de la main d’œuvre a pour conséquence d’engager une réflexion sur la possibilité de gains de productivité dans les services. Ainsi, les ordinateurs se substituent de plus en plus aux hommes dans la médecine, dans la production de diagnostics par exemple. De même, le développement des enregistrements de cours (les fameux MOOC) et de spectacles permettent de grands gains de productivité.

Toutefois, ces gains de productivité ne sont pas possibles partout. Et surtout, ils n’ont pas la même puissance ! Certains services nécessiteront toujours la participation des êtres humains et ne sauraient être remplacés par des machines. En effet, c’est ce que conclut le paradoxe de Moravec (Mind Children. The Future of Robot and Human Intelligence, 1991). Pour la faire simple, ce qui est le plus difficile à faire en robotique est ce qu’il y a de plus facile pour l’homme. Par exemple, taper dans un ballon de football demande peu au cerveau humain. En revanche il faut des lignes et des lignes de code pour qu’un robot y parvienne.

 

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Une mauvaise maladie ?

Si la maladie des coûts peut faire peur au premier abord, William Baumol se veut rassurant. En effet, si l’accès au service (médecine, éducation…) sera toujours plus cher, il n’ira pas de pair avec un appauvrissement de la population.

De fait, la maladie des coûts trouve son origine dans les gains de productivité du secteur secondaire. Ainsi, le prix des biens ne cesse de baisser. En 1908, il fallait qu’un Américain travaille 4700 heures pour s’acheter une Ford T. Aujourd’hui, 100 ans plus tard, il n’en faut plus que 1365 heures. Cette baisse spectaculaire génère alors un appel d’air pour les services. Ce dernier explique la tertiairisation des économies au rythme de leur développement.

La maladie des coûts ne serait alors qu’un synonyme de progrès pour William Baumol. Les ménages ont, grâce aux gains de productivité, une part croissante de leur revenu à dépenser en santé, éducation, loisir…

 

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Martin Durroux
Etudiant à HEC Paris après une prépa ECE au lycée Sainte-Marie à Lyon, j'aide les préparationnaires en ESH et en maths.