Ecrit en 2019, La spirale du déclassement de Louis Chauvel aborde : les inégalités intergénérationnelles et intragénérationnelles, l’évolution du pouvoir d’achat selon les classes sociales, la mobilité descendante et la massification des diplômes.
Chapitre 1 : Le vertige des inégalités: la repatrimonialisation
1/ Inégalités générales
Alors que les systèmes redistributifs et solidaires de la Seconde guerre mondiale avaient réussi à réduire les écarts, depuis la dernière génération les écarts se renforcent . En effet, c’est principalement le cas aux Etats-Unis et en Chine. En France, les inégalités restent presque inchangées depuis 1980.
Les sociétés les plus égalitaires sont les pays d‘Europe du nord de la fin des années 1970. Effectivement, ils approchaient du 0 absolu de la courbe de Lorenz. A l’inverse, les sociétés les plus inégalitaires étaient: l’Afrique du Sud pour le revenu et les Etats-Unis pour le patrimoine. A titre informatif, de nos jours, l’indice de Gini est plus utilisé que l’indice de Pareto et que la courbe de Lorenz. En moyenne, les inégalités de revenus des pays européens ont un coefficient de Gini de 0,33 et de 0,66 pour le patrimoine.
Ensuite, il s’agit d’expliquer la « loi des 80/20 » du principe de Pareto. En fait, près de 80% du patrimoine est possédé par les 20% les plus riches. Toutefois, en France, c’est plutôt la loi des 75/25 et aux USA celle des 84/16.
2/ Patrimoine
Concernant davantage le patrimoine, il n’y a pas de véritable médiane mais plus des groupes situés aux extrêmes. Les uns détiennent une somme importante de capital et les autres n’en ont pas du tout. On assiste au retour des « héritiers rentiers ».
Par ailleurs, la dépatrimonialisation c’était aussi la nationalisation des grandes entreprises privées autrefois familiales et la fin du paternalisme dans l’organisation sociale. Pour en sortir, la méritocratie scolaire avec les concours publics a été appliqué. Mais, autant dire de suite que ce n’était pas une opération très fructueuse.
Aujourd’hui, nous sommes à l’heure de la repatrimonialisation et des familles les plus puissantes économiquement. D’où la reproduction incestueuse en haut de l’échelle comme gardienne de ce système.
Pour finir, Louis Chauvel aborde Miles Corak et sa « courbe de Gatsby le Magnifique ». En effet, dans les sociétés modernes, il y a un paradoxe: la mobilité sociale extrême dissimule en réalité une forte immobilité économique intragénérationnelle. Cela s’explique par une verticale plus grande dans les pays inégaux rendant l’impression de mobilité plus importante.
Lire plus sur les inégalités:
[Livre] Inégalités mondiales – Branko Milanovic, 2019 – Mister Prépa (misterprepa.net)
Analyse : L’avenir des inégalités au coeur de la mondialisation – Mister Prépa (misterprepa.net)
Chapitre 2 : Malaise dans la civilisation de la classe moyenne
1/ Historiquement
Jusque dans les années 1990, les classes moyennes n’étaient pas touchées par les crises.
Pendant les Trente Glorieuses, le baccalauréat était une porte d’entrée vers les classes moyennes. Toutefois, les générations adultes depuis 1980s voient une perte de valeur de ce diplôme, donc une perte de chance pour accéder aux classes moyennes.
A titre informatif, de nos jours, le baccalauréat est le diplôme médian de la population. Aussi, les classes moyennes intermédiaires se rapprochent des classes populaires au point que les deux se fondent presque l’une dans l’autre. A titre informatif, « les professions intermédiaires de 1970 étaient situées à plus de 120% au-dessus des catégories populaires et en 2010 à seulement 37% ». Réservée aux classes populaires, la peur omniprésente du chômage s’installe progressivement chez ces classes moyennes intermédiaires. D’où le niveau du salariat précaire qui augmente.
D’ailleurs, en France, il existe les classes moyennes supérieures et les classes moyennes inférieures.
La première apparition d’une classe moyenne est survenue dans l’Allemagne du chancelier Bismarck. En fait, dans les années 1890, pendant la construction d’un véritable Etat allemand centralisé, des groupes intermédiaires qualifiés émergent. Dès lors, l’idée de division marxiste de la société entre prolétariat et bourgeoisie devient obsolète. Puis, après la Première guerre mondiale, avec la chute de l’Allemagne, les classes moyennes disparaissent. Louis Chauvel se permet d’ajouter que ces classes sont très fragiles face aux crises.
2/ Constitution et fragilités des classes moyennes
Ensuite, Louis Chauvel décrit les « sept piliers d’une civilisation de classe moyenne ». Plus on avance dans le processus et plus les piliers s’érodent pour les suivants. C’est notamment le cas actuel dans notre civilisation contemporaine. Est-on en capacité de léguer à nos descendants des niveaux aussi hauts pour les piliers ? Pas forcément… Les piliers sont : un fort nombre d’actifs, un salaire moyen et un logement décent, une protection sociale généralisée, une méritocratie scolaire permettant une mobilité sociale ascendante, du progrès social, une implication politique de personnes de la classe moyenne et des objectifs politiques réalistes pour la classe moyenne. Concernant l’avant-dernier pilier, un des problème est le retour des « fils et filles de » suite à la repatrimonialisation. En fait, ça sabote l’accès à la représentation des classes moyennes.
Toutefois, ces piliers sont en crise. D’où des classes moyennes en crise aussi. Cela s’explique par différentes causes. Il s’agit d’en citer quelques un ici: difficultés d’emploi croissantes, insuffisance patrimoniale, marginalisation politique, perte de valeur des diplômes, perte du pouvoir d’achat… C’est le cas en France et aux Etats-Unis. De plus, les pays du nord et socialistes de l’est de l’Europe avaient autrefois la classe moyenne la plus homogène. Néanmoins, c’est cette classe qui a connu la plus forte augmentation des inégalités.
