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Montaigne : le monde est une branloire pérenne

Sommaire
Montaigne : nous ne sommes rien

Michel de Montaigne, né le 28 février 1533 et mort le 13 septembre 1592 en Dordogne, est un philosophe, humaniste, écrivain érudit et moraliste français de la Renaissance.

Les Essais entrepris en 1572  sont une œuvre singulière, tolérée par les autorités, puis mise à l’Index par le Saint-Office en 1676. Ils ont nourri la réflexion des plus grands auteurs en France et en Europe, de Shakespeare à Pascal et Descartes, de Nietzsche et Proust à Heidegger.

 

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Les Essais

La nature selon Montaigne

Montaigne questionne la supériorité de l’homme sur l’animal, les considérant comme des compagnons égaux. Il critique la pensée humaine qui corrompt l’obéissance à la nature. Pour lui, la justice doit être rendue aux hommes et la bienveillance aux autres créatures, un point de vue qui scandalise des théologiens comme Pascal. Ce qui sépare l’homme de l’animal n’est plus la pensée, mais sa prodigieuse capacité de différenciation.

Inspiré par les philosophes antiques comme Lucrèce, Cicéron et Sénèque, Montaigne voit la nature comme une mère généreuse. Contrairement à ces philosophes, il ne cherche pas à comprendre la raison ou la causalité de la nature, mais se contente de la sentir et de l’apprécier. Sa conception de la nature reste vague, mais affective. Il la personnifie souvent, la décrivant avec reconnaissance et vénération.

Montaigne ne croit pas à la suprématie technique de l’homme sur la nature. Il prône une obéissance à la nature, jusqu’à l’acceptation sereine de la maladie. Il souligne que la nature sait mieux gérer nos affaires que nous. Obéir à la nature ne signifie pas tout permettre, mais respecter un ordre naturel qui donne sens à la vie humaine.

 

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La condition humaine selon Montaigne

Montaigne s’inscrit dans la tradition humaniste, tout en la nuançant. Contrairement à l’optimisme de Rabelais ou Érasme, Montaigne prône l’humilité et souligne la misère de la condition humaine. “La reconnaissance de l’ignorance est un des plus beaux et plus sûrs témoignages de jugement“.

L’homme est réduit à un petit point chétif, perdu dans un univers. Un univers qui n’est ni hiérarchisé ni ordonné selon l’ancienne conception aristotélicienne. Ce n’est plus le roi de la Création, mais un être balbutiant parmi tous ceux qu’abrite la nature. Quant à la raison, grâce à laquelle il fonde sa supériorité sur les animaux, elle sera toujours insuffisante, car il n’y a pas de connaissance certaine. “Est-ce pas un misérable animal que l’homme ?

L’esprit humain est impuissant à découvrir le vrai ; Montaigne en veut pour preuve toutes les théories contradictoires qu’ont élaborées les philosophes et les savants, ce « tintamarre de tant de cervelles philosophiques. » Accéder à la connaissance n’est pas impossible, mais on devra se contenter d’un savoir relatif, en changement constant.

Montaigne est le précurseur d’une méthode qui sera reprise et développée par Francis Bacon et Descartes. Il insiste sur l’aspect précaire et trompeur de notre connaissance, qui ne saurait atteindre l’origine et l’essence des choses.

 

La Religion selon Montaigne

Montaigne adopte un culte de la nature “sans miracle et sans extravagance. Il se montre peu préoccupé par le péché ou le salut et parle rarement du Créateur.

Il ignore les préoccupations métaphysiques de Pascal, préférant un bonheur terrestre et évitant les mystères et les dogmes chrétiens. Pour lui, Dieu est une puissance lointaine, épicurienne. Il vit comme si Dieu n’existait pas.

Son scepticisme le conduit à la prudence sur les questions de foi. Contrairement à Fontenelle ou Voltaire, il ne cherche pas à démasquer les superstitions populaires. Il se méfie autant des théologiens que des philosophes, préférant admettre son ignorance.

 

L’histoire selon Montaigne

Montaigne critique vivement la colonisation de l’Amérique. Il dénonce les destructions et les massacres commis pour des gains matériels comme les perles et le poivre.

Pour Montaigne, la notion de barbarie est relative et dépend des coutumes locales. “Chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage“. Il souligne que ce que les Européens appellent barbarie n’est souvent que des pratiques différentes des leurs. “Le profit de l’un est le dommage de l’autre“.

Il ne regrette pas un âge d’or perdu et voit le monde comme un lieu de perpétuel changement. La certitude n’est jamais possible, car le monde ne cesse de vaciller, de se mouvoir. “Le monde n’est qu’une branloire pérenne“.

Montaigne critique les violences de son époque, mais admet que le mal, comme le bien, est transitoire.

 

La politique selon Montaigne

Montaigne critique les conceptions trop théoriques du pouvoir, comme celles de Machiavel. La réalité humaine est empreinte de subjectivité et la diversité des hommes est fondamentale pour l’organisation sociale. Montaigne souligne que les actions publiques ne peuvent pas obtenir une approbation unanime en raison de la diversité des jugements humains.

Le bon gouvernant, selon Montaigne, sera désintéressé et agira par vertu sans rechercher d’autre récompense que la satisfaction de la valeur de ses actions, indépendamment des jugements humains.

 

La mort selon Montaigne

Cette réflexion est profondément marquée par la disparition de son ami Étienne de La Boétie, qui laisse Montaigne accablé de chagrin.

Un événement marquant dans cette réflexion est un grave accident de cheval. Montaigne est resté inconscient pendant plusieurs heures, laissant les témoins le croire mort. À travers cette expérience, Montaigne découvre que la transition entre la vie et la mort est bien moins effrayante qu’il ne l’avait imaginé. Il décrit cette expérience comme étant sans douleur, très douce et paisible, ce qui le réconcilie avec l’idée de la mort.

Montaigne se rapproche de l’épicurisme. Selon ces derniers : “Vivre heureux, c’est apprendre à mourir.”  Philosopher, c’est comprendre et accepter la mort et ne plus y penser.

Selon Montaigne : “c’est une perfection absolue et pour ainsi dire divine que de savoir jouir de son être.”

 

 

Informations complémentaires

Ceux qui ont influencé Montaigne

Montaigne s’enthousiasme, comme beaucoup d’humanistes de son époque, pour le stoïcisme (Sénèque en particulier). La raison est toute-puissante et la volonté suffit à supporter tous les malheurs. Selon Montaigne, “le goût des biens et des maux dépend de l’opinion que nous en avons“.

Philosopher c’est apprendre à mourir“. Montaigne emprunte ces termes à Lucrèce et à Épicure. Mais dès qu’il commence à s’étudier lui-même et qu’il découvre ses vrais besoins et sa nature, il sent que les remèdes de Sénèque sont trop violents pour lui et il va s’en éloigner peu à peu.

Plutarque a énormément influencé Montaigne. En effet, ce dernier se montre de plus en plus réservé à l’égard de ceux qui croient posséder la vérité absolue. Montaigne va développer un goût pour une morale familière, simple et pratique.

À la lecture du sceptique grec Sextus Empiricus, Montaigne adopte comme mode de pensée le scepticisme. Il va s’adonner à une extrême prudence à se défendre des préjugés qui envahissent l’esprit de l’homme, du seul fait qu’il est pris dans un engrenage d’habitudes et d’idées.

Enfin, à travers Platon et Xénophon, Montaigne a accès à Socrate, « le maître des maîtres ».

 

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Je vous donne ci-dessous plusieurs sources que je consultais en prépa pour me cultiver en philosophie :

Les Bons Profs (chaîne YouTube)

Digischool (site Internet / chaîne YouTube)

Cyrus North (chaîne YouTube)

Le Précepteur (chaîne YouTube)

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Stéphane Westermann
Après deux années de prépa ECG au Lycée Georges de la Tour à Metz, j'ai pu intégrer Neoma avec pour objectif d'assister les étudiants dans l'excellence de leur Culture Générale et de leur langue allemande !